I
Il manquait quelque chose
dans le miroir
peut-être les tentures bleues
du salon peut-être un père
peut-être le crucifix
m’enfouir m’enfouir
chercher
la tête dans ce tas de feuilles
pourries chercher une odeur
l’automne comme on ne l’a jamais vu
un visage reconnu
que l’on croyait oublié
lire dans les complications du tapis
les écailles du mur
un conte une vie d’homme mort
n’en rien dire
de peur d’être injuste
n’en rien même penser
lire et relire
mais toujours hélas à peine
j’ai peur de partir d’ici
cette peau qui meurt au bout de mes
doigts près des ongles
cette peau morte qui tombe
ces plaques jaunes aux chevilles
nous vivons si peu
il faudrait aller tellement loin
et le temps qui nous manque
et le cœur
- De quelles fins écrit Godin ? Pourquoi utilise-t-il le pluriel ?
- « Fins » est-ce le poème d’un poète jeune ou âgé ? Relevez les mots ou les vers qui nourrissent votre réponse.
- Lisez le poème à haute voix. Il y a des blancs qui s’y insèrent naturellement. Quel sens ont-ils ?
- Travaillez votre récitation : L’absence de ponctuation vous offre plus de liberté au niveau de votre rythme. Lisez le texte à haute voix en variant votre rythme et les arrêts à chaque lecture pour trouver la cadence qui vous convient le mieux.
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Tentez une expérience de création littéraire :
Écrivez un poème de quatre strophes en utilisant les mêmes thèmes que Godin et dans le même ordre – l’absence, la recherche, la lecture, la peur.
Liens utiles
‘Radio-cadenas’ (comme l’appelait Godin) a toute une archive de clips vidéos et radios enregistrés entre 1964 et 1994.
Regardez Gérald Godin lire « Énumération » lors de la Nuit de la poésie de 1970.
Gérald Godin, « Fins 1 », Ils ne demandaient qu’à brûler, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1987
© 1987 Éditions de l’Hexagone et Gérald Godin