Fins

I

 

Il manquait quelque chose

dans le miroir

peut-être les tentures bleues

du salon peut-être un père

peut-être le crucifix

 

m’enfouir m’enfouir

chercher

la tête dans ce tas de feuilles

pourries chercher une odeur

l’automne comme on ne l’a jamais vu

un visage reconnu

que l’on croyait oublié

 

lire dans les complications du tapis

les écailles du mur

un conte une vie d’homme mort

n’en rien dire

de peur d’être injuste

n’en rien même penser

lire et relire

mais toujours hélas à peine

 

j’ai peur de partir d’ici

cette peau qui meurt au bout de mes

doigts près des ongles

cette peau morte qui tombe

ces plaques jaunes aux chevilles

nous vivons si peu

il faudrait aller tellement loin

et le temps qui nous manque

et le cœur

  1. De quelles fins écrit Godin ? Pourquoi utilise-t-il le pluriel ?
  2. « Fins » est-ce le poème d’un poète jeune ou âgé ? Relevez les mots ou les vers qui nourrissent votre réponse.
  3. Lisez le poème à haute voix. Il y a des blancs qui s’y insèrent naturellement. Quel sens ont-ils ?
  4. Travaillez votre récitation : L’absence de ponctuation vous offre plus de liberté au niveau de votre rythme. Lisez le texte à haute voix en variant votre rythme et les arrêts à chaque lecture pour trouver la cadence qui vous convient le mieux. 
  5. Tentez une expérience de création littéraire :
    Écrivez un poème de quatre strophes en utilisant les mêmes thèmes que Godin et dans le même ordre – l’absence, la recherche, la lecture, la peur. 

Liens utiles

‘Radio-cadenas’ (comme l’appelait Godin) a toute une archive de clips vidéos et radios enregistrés entre 1964 et 1994.

 

Regardez Gérald Godin lire « Énumération » lors de la Nuit de la poésie de 1970.

 

Section « Pour aller plus loin » rédigée par
Référence bibliographique

Gérald Godin, « Fins 1 », Ils ne demandaient qu’à brûler, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1987

 

© 1987 Éditions de l’Hexagone et Gérald Godin

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